Actualités

Le Cerveau

Les bienfaits du chant pour nourrir son cerveau

Les bienfaits du chant pour nourrir son cerveau
Publié le : 30 mai 2023

Depuis la nuit des temps, le Chant occupe une place importante dans la vie de l’Homme, notamment dans ses dimensions psychosociales, émotionnelles et affectives. Avant notre ère, déjà Aristote (384 avant J.C) évoquait la Voix comme étant « le reflet de notre Être et de nos émotions ». Un propos éclairant pour signifier notre singularité et notre présence au Monde !

Chant et Musicothérapie

Chanter est une activité extraordinaire, sans artifice et accessible à chacun d’entre nous. Elle a la vertu de procurer un immense plaisir à dimension plurielle. En groupe ou en chorale, cette « mise en voix » donne naissance à une vibration collective intéressante qui favorise la sécrétion d’endorphines et donc de surcroit un partage collectif du bien-être du Cerveau déchargé des effets des hormones de stress.
L’expression vocale, la mise en voix et le chant nous invitent à revisiter la définition de la Musicothérapie qui est l’utilisation intentionnelle et adaptée à des projets thérapeutiques des composants de la Musique : la pulsation et le rythme, la mélodie et l’harmonie, les timbres et les styles musicaux, etc.
Le chant choral, entre autres vertus, permet de développer et de maintenir l’ensemble de nos fonctions cognitives en éveil. C’est un loisir très complet pour le Cerveau comme nous l’explique Pierre Lemarquis, neurologue et auteur de « Sérénade pour un cerveau musicien ». (Editions Odile Jacob, 2009).

Les effets de la musicothérapie sur le cerveau

« Outil » privilégié en Musicothérapie, le chant fait appel au Corps et à sa dimension verticale, à la gestion du Souffle et des respirations, à son positionnement dans l’espace et au sein d’un groupe quand il s’agit d’un ensemble vocal. Chanter ensemble est une expérience à vivre comme une chance, une véritable possibilité d’être immergé dans une somme de vibrations sonores aux effets bienfaisants. Le neurologue Oliver Sacks dans son livre Musicophilia (Editions du Seuil, oct. 2007) évoque le véritable « feu d’artifice cérébral » que provoque l’audition musicale : elle stimule toutes les aires cérébrales en fonction de la réceptivité du sujet. Déjà, ici, nous pouvons imaginer les effets du côté du vivant que peut induire la dynamique du « jouer/chanter ensemble ». Nous pouvons déjà percevoir que chanter en Chœur est un excellent remède pour se maintenir en équilibre, en forme et en Santé tant physique que psychique.

Les bienfaits de la musique et du chant en psychiatrie

En psychiatrie, de nombreuses observations cliniques issues de compte-rendu de séances de Musicothérapie dite Active (une technique qui invite à « faire du sonore », du vocal et du musical ensemble) témoignent des bienfaits de la musique et du chant sur les symptômes dépressifs, notamment sur la coloration de l’humeur, sur le vécu de l’angoisse et de l’anxiété, sur la mobilisation afin de sortir de l’apragmatisme et de l’anhédonie, etc. Musicothérapie et pratique vocale ou du chant sont d’excellents outils et prétextes pour une meilleure gestion du Souffle et des respirations, pour agir sur les mécanismes du Stress-angoisse-anxiété, pour davantage de bien-être et de relaxation active, pour inviter à des Ailleurs ressourçant et sortir de la pensée obsédante ou des ruminations psychiques.
Chanter impose de l’attention et de la concentration, faire l’effort de s’ouvrir aux autres dans ce moment privilégié où le chant favorise la dynamique psychosociale, le partage de vibrations sonores ensemble : « je me sens exister parmi et avec les autres… ». Pratiquer le chant ensemble nourrit le sentiment d’appartenance à un groupe et brise un instant la solitude de l’être. Chanter nourrit l’esprit et comble ces sensations de vide souvent ressenties par des patients en proie à des troubles psychiques.
Développer la dimension psychosociale et favoriser le lien peuvent être des indications pour la Musicothérapie avec le travail à partir du chant en psychiatrie.

Les bienfaits de la musique et du chant en neurologie

En neurologie, les bienfaits de la musique sont nombreux dans la prise en charge de troubles neurodégénératifs comme les démences, la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaque, la maladie de Parkinson, etc. L’intérêt de la Musique pour cette discipline médicale a donné naissance à une spécialité : La Neuromusicothérapie ou NMT (The Academy of Neurologic Therapy. In Memory of Robert F. Unkefer).
Le chant et la danse ou encore le travail psychocorporel sont d’excellentes indications en Musicothérapie pour des personnes atteintes de troubles neurologiques. Les techniques psychomusicales interviennent comme véritable stimulant pour insuffler des énergies positives et du vivant.
Pourrions-nous résumer les bienfaits du Chant et ses effets sur le Cerveau ?
Tout le monde s’accorde pour reconnaitre que chanter stimule la joie de vivre, donc le Vivant auquel s’associent « des effets de surcroit » liés au phénomène Plaisir et mobilisation des Energies.

Les effets du chant sur le plan biologique

Sur le plan biologique, nous retiendrons que chanter fait baisser le taux de Cortisol qui est l’hormone du stress, que le plaisir influence les hormones dites du plaisir telle que la Dopamine (hormone de la réussite et de la récompense), l’Ocytocine (hormone du lien, de la confiance et de l’amour), les Endorphines (hormones anti-douleur) et la Sérotonine (hormone du respect et de la prédominance sociale).
L’oxygénation de tout le Corps, permettant de nourrir et ainsi de booster les cellules, est très certainement une des indications du Chant.

Pour terminer notre propos, nous avons réalisé ce schéma qui synthétise brièvement les principaux bienfaits du chant que nous pourrions retenir :



Chanter mobilise le cerveau

Le Chant demeure un don universel, un véritable témoin vivant de l’existence humaine et de la succession de nos époques. Chanter sera toujours en lien avec célébrer le Vivant !


Rédaction : : Jean-François Labit – Musicothérapeute clinicien et Formateur – Directeur de Blue note Concept et des Ateliers de la Note Bleue, Directeur artistique de la Collection Musique et Thérapie (www.lanauze.com/36-collection-musicotherapie), Président du Réseau Pluriprofessionnel Euterpe 12 : Musiques et Soins sans frontière en Aveyron (www.euterpe12.org).

Singing in the brain

Des chercheurs utilisent le chant pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau

Université Laval par Jean Hamann

Même s'ils sont en apparence très liés, la mélodie et le texte d'une chanson empruntent des canaux de production complètement séparés dans le cerveau. Le professeur Joël Macoir, du Département de réadaptation de la Faculté de médecine de l'Université Laval, et ses collègues de Montréal et Sherbrooke, Isabelle Peretz, Sylvie Hébert et Lise Gagnon, en apportent la preuve dans un article récemment publié dans la revue scientifique Music Perception.

Les chercheurs ont étudié le cas de G.D., un homme de 74 ans dont la mémoire et les capacités intellectuelles étaient intactes, mais qui éprouvait d'importants problèmes de langage - bégaiement, erreurs phonémiques et néologismes - , trois symptômes d'une aphasie progressive primaire. Par contre, en dépit de sa maladie, cet homme avait préservé sa capacité de chanter juste.

Les chercheurs ont invité G.D. à répéter la première phrase de 30 chansons populaires qu'ils lui soumettaient, soit en la lisant (texte seul), en la fredonnant (musique seule) ou en la chantant (musique et paroles combinées). Résultats? Lorsqu'il chantait ou fredonnait, le sujet reproduisait correctement plus de 90 % des notes de la chanson. Par contre, il ne parvenait à prononcer de façon intelligible qu'à peine 60 % des paroles, que ce soit en chantant ou en lisant. "Le fait de chanter ne l'aidait pas à mieux prononcer les mots, ce qui va à l'encontre de la croyance qui veut que le chant améliore la fluidité du langage. Il semble que la chose soit vraie pour le bégaiement qui apparaît lors du développement de l'enfant, mais pas pour le bégaiement neurologique qui résulte d'anomalies au cerveau comme dans le cas de G.D.", explique Joël Macoir.

Le sujet G.D. commettait les mêmes erreurs de langage, peu importe s'il parlait ou s'il chantait, signalent les chercheurs qui en concluent que les processus de production des paroles d'une chanson sont les mêmes que ceux qui interviennent dans le langage parlé. Il semble exister une autonomie totale entre les mécanismes de production de la mélodie et des paroles dans le cerveau, comme si la route du langage était distincte de la route mélodique et qu'une anomalie de l'une n'affectait pas l'autre.

Les chercheurs soulignent enfin que la combinaison du chant et des anomalies neurologiques, comme celles dont souffre G.D., ouvre une fenêtre sur le cerveau humain par laquelle on peut observer et mieux comprendre ses rouages normaux et défectueux.

Musique et souvenirs associés au niveau cérébral

Par Camille Arnaud, Mireille Guyader BE Etats-Unis 156

La mémoire

PSY EN MOUVEMENT
n° 23072009
Sciences de la vie

En cartographiant l'activité cérébrale d'un groupe de sujets en train d'écouter de la musique, Petr Janata, professeur de psychologie du Center for Mind and Brain de l'University of California de Davis, pense avoir découvert le mécanisme qui explique pourquoi certaines musiques nous rappellent certains souvenirs bien précis : la région du cerveau où sont stockés et d'où sont extraits nos souvenirs du passé servirait également de "routeur" (plaque tournante) reliant la musique familière, les souvenirs et les émotions. Ce "routeur" est localisé dans la région préfrontale médiale du cortex cérébral, une des dernières régions touchées lors de la progression de la maladie d'Alzheimer.

Dans cette étude, 13 étudiants de UC Davis ont servi de modèles. Alors que les sujets écoutaient des extraits de 30 morceaux de musique différents, l'activité de leur cerveau était enregistrée par IRM fonctionnelle (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle). Suite à l'écoute de chaque extrait musical, le sujet devait répondre à des questions permettant d'évaluer si le morceau lui était familier, s'il avait apprécié son écoute et si cet extrait musical était associé à un souvenir particulier. Les sujets étaient amenés à s'exprimer également sur le contenu et la vivacité du souvenir en question.

L'enquête a révélé qu'en moyenne chaque personne avait reconnu 17 morceaux sur les 30, 13 étant modérément ou fortement associés à un souvenir autobiographique. De plus les morceaux les plus fortement liés à un souvenir étaient identiques à ceux ayant évoqué les réactions émotionnelles les plus vives. De façon complémentaire, le professeur Janata a pu mettre en évidence que l'intégration par le cerveau des variations de tonalité des morceaux musicaux se faisait également dans la partie préfrontale médiale du cortex cérébral, et qu'elle était corrélée avec la puissance des souvenirs.

Parmi les retombées potentielles de cette étude, la possibilité de développer à long terme une thérapie basée sur la musique pour les patients atteints d'Alzheimer, chez qui il semblerait que la mémoire des morceaux musicaux soit préservée, est certainement intéressante à explorer.

Victimes d’un AVC

Ma Clinique

29 décembre 2022
dans Actualités médicales

La rééducation de groupe basée sur le chant peut soutenir la communication et la production de la parole des patients victimes d’un AVC

La fonction langagière et le bien-être psychosocial des patients et de leurs familles peuvent être favorisés par une rééducation basée sur le chant. L’intervention de groupe offre des possibilités de soutien par les pairs tout en étant simultanément rentable.

Environ 40 % des survivants d’un AVC souffrent d’aphasie, une difficulté à comprendre ou à produire le langage parlé ou écrit causée par un accident vasculaire cérébral. Dans la moitié de ces cas, le trouble du langage persiste encore un an après l’AVC. L’aphasie a des effets étendus sur la capacité de fonctionner et la qualité de vie des survivants d’un AVC et conduit facilement à l’isolement social.

Selon une étude récente menée à l’Université d’Helsinki, la rééducation de groupe basée sur le chant peut soutenir la communication et la production de la parole des patients et augmenter l’activité sociale même à la phase chronique de l’AVC. Le fardeau vécu par les aidants familiaux participant à l’étude a également diminué de façon notable.

« Notre étude est la première où les soignants ont participé à la rééducation et où leur bien-être psychologique a été évalué. »
Sini-Tuuli Siponkoski, chercheur postdoctoral

L’utilisation polyvalente de la musique prend en charge la récupération

Des recherches antérieures ont établi que la capacité de chanter peut être conservée même en cas d’aphasie sévère. Cependant, l’utilisation du chant, en particulier du chant choral, dans la réhabilitation de l’aphasie n’a pas été largement étudiée.

« Notre étude a utilisé une grande variété d’éléments de chant, tels que le chant choral, la thérapie d’intonation mélodique et la formation au chant assistée par tablette », précise la doctorante Anni Pitkäniemi.

Dans la thérapie de l’intonation mélodique, la production de la parole est pratiquée progressivement en utilisant la mélodie et le rythme pour passer du chant à la production de la parole.

Dans l’étude, les séances de rééducation étaient dirigées par un musicothérapeute formé et un chef de chœur formé.

Nécessité de formes nouvelles et efficaces de réadaptation

En plus de l’orthophonie, la thérapie par l’intonation mélodique a été utilisée dans une certaine mesure dans la rééducation de l’aphasie. La thérapie a généralement été mise en œuvre en tant que thérapie individuelle, nécessitant beaucoup de ressources.

Selon les chercheurs, la rééducation de groupe basée sur le chant devrait être utilisée dans les soins de santé dans le cadre de la rééducation de l’aphasie.

« En plus de la formation à la production de la parole, la réadaptation en groupe offre une excellente occasion de soutien par les pairs tant pour les patients que pour leurs familles », explique Sini-Tuuli Siponkoski.


Page 4 sur 8